Saint Thomas et Henry 22 mai 2008 Non, on ne peut pas du tout considérer la pensée de St Thomas d’Aquin comme « l’une des principales sources d’inspiration » de la phénoménologie de la vie de Michel Henry. Il faut d’abord rappeler qu’il existe, depuis la problématique de Husserl déjà, une opposition méthodologique fondamentale entre l’idéalisme phénoménologique et le réalisme métaphysique de la tradition thomiste. Cela dit, Michel Henry, dans l’élaboration de sa culture philosophique et de son enseignement, ne pouvait ignorer les positions fondamentales de l’ontologie thomiste. Néanmoins, son inspiration phénoménologique le rapprochait beaucoup plus de Maître Eckhart et Angelus Silesius que de St Thomas. Le motif principal d’opposition à une approche réaliste de l’être et de l’étant est la priorité ontologique absolue que Henry reconnaît à la subjectivité vécue et « immanente » sur toute forme d’être mondain, réel et objectif. Dans cette mesure, Henry se situe aux antipodes du réalisme thomiste : il est le continuateur (critique, et souvent plus radical !) des penseurs modernes de la subjectivité : Descartes, Kant, Husserl. En conséquence, il paraîtrait aussi très risqué, voire arbitraire, de « rattacher » la phénoménologie de Henry au néo-thomisme de Gilson. J-F. Lavigne bas |