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René Girard et Michel Henry
6 juin 2007


- « pour Michel Henry, qui admirait beaucoup la sociologie de Tarde, le processus de socialisation repose en grande partie sur des mécanismes d’imitation fondés sur l’intersubjectivité affective »

- Oui je suis d’accord. Michel Henry le dit notamment dans Un entretien avec Olivier Salazar-Ferrer (Entretiens, Sulliver, p.76). Girard s’intéresse exactement à l’intersubjectivité affective (le désir mimétique) dans des descriptions qui tiennent de l’immanence opposée à la fausse transcendance du bouc émissaire (qui est origine de toute culture, société ou religieux selon Girard). Je pense que la double thèse de l’apparaître de Michel Henry est une clé de lecture fondamentale de la phénoménologie girardienne (description du mimétisme).

- « ces deux oeuvres, à ma connaissance, s’ignorent »

Oui je suis aussi d’accord. C’est à ma connaissance, le cas.

- « la pensée de M Henry s’en tient à des analyses strictement phénoménologiques, ce qui la distingue radicalement de celle de Girard »

Le biais par lequel chacun des penseurs décrit la réalité humaine est fort dissemblable. L’un part d’un subjectivisme radical et l’autre du problème de l’intersubjectivité. Mais justement si nous considérons les textes henryens sur la communauté nous retrouvons bien des descriptions et des thèses girardiennes.

Qu’est-ce que sont les descriptions girardiennes sur les emballements et les crises mimétiques qu’une description de l’immanence du pathos humain ? Voici ce qu’écrit René Girard dans un argument qui apparaît secondaire dans le texte d’origine mais qui me semble essentiel pour ce qui nous intéresse ici : « A la différence de tous les autres phénomènes, qui ont pour propriété fondamentale d’apparaître (le mot »phénomène« vient de phainesthai : briller, apparaître), le mécanisme victmaire disparaît nécessairement derrière les significations mythiques qu’il engendre. Il est donc paradoxal, exceptionnel, unique en tant que phénomène » (Je vois Satan tomber comme l’éclair,Ed de poche p.244)

Justement le mécanisme victimaire ou mimétisme violent est la description du pathos déchaîné des humains : ce court extrait possède l’intuition essentielle de l’unicité de son apparaître.

- Je ne peux pas tout développer. Mais que penser de la thèse du bouc émissaire et du thème du meurtre de la Vie que Henry parle dans certains de ses textes ? Que penser de la différenciation radicale établie par les deux auteurs entre le logos grec et le logos johannique (Pour Girard : Cf. Des choses cachées depuis la fondation du monde p.354 Ed de poche) ? Et sans parler de l’originalité du christianisme souligné justement par les deux auteurs ?

Je ne pense pas qu’il y ait là pures coïncidences. Je pense que l’entreprise giardienne se veut purement anthropologique. Mais la phénoménologie henryenne permet d’approfondir cette pensée et que inversément la pensée girardienne vient confirmer sur bien des points les thèses henryennes (ce qui touche à la culture (voir les analyses de l’insconscient freudien par exemple de l’un et l’autre), la société etc...

Manuel SANCHEZ

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